Balade urbaine
Toujours dans l'attente d'une réponse de l'Alliance Française (to be hired or not to be hired?), il faut bien se dégourdir les jambes. Nous nous lançons à la poursuite de la septième avenue, cap Musée National.
Carrera 1, qui part de chez nous pour aller se jeter dans le Far North de la ville.
Nous prenons les chemins de traverse au maximum, afin d'éviter l'intoxication définitive: trop de gaz d'échappements à Bogota. On croise des gens avec des masques. La ville atteint un pic de pollution critique dû notamment à l'absence d'un système de transports en commun aux proportions gigantesques de la capitale. Les voitures de Bogota circulent selon un système d'alternance, en fonction de leur numéro d'immatriculation. Mais ça ne désengorge pas le flot incessant et sur les trottoirs comme sur les routes, c'est la cohue, le chahut, les fumées.
Cette gare obsolète, flanquée aux gigantesques tours de la 7ème, nous a inspiré des considérations assez graves, du type "Quant la tradition côtoie la modernité", ou encore "J'ai vu les temps passer en regardant une église au pied d'un gratte-ciel; là-bas, loin des codes de l'urbanisme."
Assez déçus par l'exposition temporaire du musée National (une sorte de débauche patriotique à propos de l'indépendance, avec finalement assez peu d'œuvres d'art et d'explications, mais beaucoup de propagande), nous nous retranchons dans les tombes, près des ossements et des statues précolombiennes, extraits dans les années 80 du fleuve Magdalena, de plus de 500 kms de long.
Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons dans un "centre artisanal" et débusquons, entre deux friperies de conceptions sud-asiatiques, un petit disquaire de derrière les fagots. Nous écoutons de nombreuses musiques traditionnelles andines, une lecture du Canto General par Pablo Neruda, avant de rentrer chez nous car, comme un couvercle de sarcophage, la nuit tombe.