"Acá la vaina es muy despejada."
La route devient beaucoup plus jolie après Santa Marta. On entre dans une zone moins sinistrée par le tourisme. Et l'on y croise des animaux spectaculaires. Ici, les oiseaux et les lézards sont plus clairement apparentés aux dinosaures. Le ciel est bleu, on nous dit qu'il l'est toujours, les gens semblent sortir de l'Eden, entre les forêts de bananiers et la mer des Caraibes. Un restaurant appelé "Que Dios bendiga este comercio". Tout est si beau et si tranquille que nous décidons de nous arrêter à Palomino, après avoir parcouru seulement 70 kms, et camper sur la plage paradisiaque, après nous être assurés auprès de ce peuple de pêcheurs que nous n'y risquions rien.
Coincé sur la plage entre un coucher de soleil et un orage, je n'ai pas pu écrire de poème. Seulement ce vers: "Un âne meurt, entre deux meules, de sa faim." J'ai cependant réussi à allumer correctement ma première pipe dans le noir, face à la mer des Caraîbes et sa tempête. Sa saveur était immense. Je comprenais que l'important n'était pas ce que l'on faisait, mais la longueur du chemin que l'on prenait pour y parvenir. Toute sensation nait d'une rencontre. Il est important de ne pas débarquer au rendez-vous sans un bouquet, cueilli le long de la route. Plus on prend son temps, plus on a de fleurs. J'en déduisais...
Leçon n.3: Prendre le chemin le plus long.