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Voyage d'éléphants
6 novembre 2010

Aratoca

   Je me suis levé fatigué d'avoir peu dormi. Le gardien de l'hôtel est venu me réveiller à 4h30, à ma demande, en cognant contre la porte métallique de ma chambre. Ce jour a donc commencé en taule. Je mange très peu, essentiellement une tablette de chocolat, et me mets en route. Une longue descente m'attend jusqu'au fleuve Chicamocha, déprimante descente qui me renseigne et me saigne sur ce que devra monter. Et en effet, la montée du Pescadero n'est pas triste. 24 kms, et non pas 12 comme on me l'avait annoncé, du bien raide et du sinueux. J'ai l'impression de chevaucher de la trigonométrie: à force d'avoir tant tourné, j'ai dû enrouler R trois fois autour de lui même avec mon vélo. Ça les fait bien marrer les paysans de me voir ainsi grimper avec tout mon attirail. Ils ne comprenaient pas, les paysans, que l'on s'adonne à tant de fraîcheur. Moi non plus. Après si, j'ai compris, une fois que je n'étais plus le même, que je me suis penché au-dessus du vide, et me suis vu en bas.
    Il faut de bon coeur reconnaître que les paysages de ce canyon sont splendides. Je retrouve les cactus que je ne pensais pas revoir hors de la Guajira. Ça me rappelle le Valle de l'Elqui, en moins désertique et en plus grand. Le Parc Naturel National du Chicamocha a l'air d'être une merveille, dommage que je n'ai pas trop l'envie de m'y arrêter. J'ai tout monté d'une traite, avec deux ou trois pauses courtes. En haut, j'arrive à Aratoca, petit bled acueillant et tranquille. Il est 13h, je me pose dans un restaurant pour almorcer. Le repas semble délicieux, mais d'un coup j'ai des nausées et me sens au bord de l'évanouissement. Je me rends compte que je suis totalement épuisé. Heureusement, il y a un hospedaje juste en face. J'emballe ma pitance, je me traine, négocie mollement une chambre. Ma tête touche le ring, et le poing en l'air je m'endors, la main dans la main céleste du grand arbitre.

    J'ai rarement été dans un tel état d'épuisement. Quand je me lève il fait déjà nuit noire, et je me sens un peu mieux. Je pars au village en quête d'internet, car je suis un peu inquiet de n'avoir pu contacter Laura au téléphone depuis trois jours. Son message me rassure: on l'a bel et bien sevrée de son portable. Je donne de mes nouvelles à qui de droit, et me ballade dans les ruelles accueillantes. Il y a une très belle place avec église coloniale, et une bonne ambiance nocturne ce qui est rare ici. Les enfants jouent au foot dans les rues, les gens sortent grignoter ou boire un verre. Une guinguette m'aguiche, je commande un hamburger et une bière qui me remettent tout à fait d'aplomb. La patronne est un dame âgée extrêmement vive et sympathique qui me rappelle ma maîtresse de CE2. Je rentre à pied à l'hospedaje, une pluie se met à tomber au bon moment: quand j'ai claqué la porte de ma chambre. Cette fois, je ne demande pas que l'on me réveille.

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