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Voyage d'éléphants
4 novembre 2010

Bucaramanga

   Bergère, ô tour Eiffel, merde va verte ce matin. Mon anus bêle. Mes intestins blatèrent. Je vous promets. Ça ne passe pas. Un voyage au Pérou, parfumé. Ça vous choque? Mais alors que va penser la femme de ménage... Moi j'ai le nez dedans. Si l'on n'a jamais joué avec son caca, c'est normal qu'il paraisse pestilentiel. Son odeur évoque le rapport qui nous unit à lui, quelque chose que l'on n'apprécie pas trop en général: il renvoie à notre ignorance. Petites provocations de l'auteur à ses lecteurs avant de leur avouer qu'il s'est réveillé le cul dans la mouscaille, incontinent voyageur... Vingt-deux ans, dernier commentaire: y'en a partout, faut brûler les draps. J'ai terminé. Je me redresse en sursaut et je m'écris oh merde.
   Je me lave comme un bébé et me cure à la Nifuroxazide et au Smecta. Une déshydratation terrible, mais je n'ose plus boire l'eau du robinet. J'aurais peut-être dû rentrer à Bogotá avec K...
   Comme il est encore très tôt (5h du matin), je zappe sur la télé et découvre des émitions incroyables de machisme et d'animalité. Une Idée soulevée par un des zanimateurs d'une des zémissions: coucher avec une femme, c'est gagner du territoire, c'est encore plus fort que de lui uriner dessus (chose qui m'a parue un peu fantasque, mais apparemment n'a surpris personne sur le plateau). Pour appuyer son propos, il avance que l'on peut tout simplement aller au toilettes et essuyer son urine sur elle (dit-il en passant sa main sur le mollet de l'autre animatrice d'un air méprisant). Le fond du débat est de savoir s'il est bien ou mal de coucher avec la femme de son meilleur ami. L'animatrice est un vague croisement -stérile, espérons-le- entre la dinde et l'actrice porno. Elle ne répond rien de franchement convaincant. On n'en attendait pas moins d'elle. L'animateur est une espèce de petite racaille genre dealer à la sauvette qui baisse son froque le dimanche pour la visite du grand patron, et sème la terreur en semaine. On se demande qui il peut bien baiser à part les poulets sous emballage au rayon frais. Il y en a bien une cinquantaine chez Carrefour (grande marque colombienne), vite, tu vas pouvoir en gagner du territoire... Au moment d'éteindre l'écran, ils parviennent à la conclusion suivante: "baiser la meuf de ton pote, c'est bien, et il vaut mieux ne pas attendre si ta relation avec celui-ci est en train de se dégrader". Heureusement, moi, j'ai pas d'ami. Mais je ne suis pas là pour vous raconter la scabreur de mes nuits.

    A 7h30 on m'appelle au téléphone comme j'avais demandé. J'empaque et j'y go. Je déjeune d'un plat de riz nature au terminal, continue de laisser ma bici au garde-bagage, appelle Erika qui vient me chercher dans une heure. Le temps de regarder mes mails au salon VIP de la Coopetrans, et d'écouter "Chega de Saudade", en boucle, chantant tout seul, en pleurant. Il y aura moins de poissons qui nagent dans la mer que de baisers sur sa bouche, si elle revient...

   Erika arrive. Ça fait bizarre de revoir quelqu'un que l'on a rencontré à l'autre bout du monde. Ça rassure sur la continuité de celui-ci, et de l'existence. Mais n'arrive-t-il pas également que l'on retrouve la même personne dans plusieurs rêves? Laisse-moi, pas maintenant... je ne sais plus... On monte jusqu'à chez elle, un micromercado tenu par ses parents, figures colombiennes par excellence, très conservateurs, vifs et discrets, belle moustache monsieur, vous êtes dans le fond moins sévère que vous n'en avez l'air. Dans leur minuscule appartement vivent aussi un cousin et le novio d'Erika. Chambre à part, bien sûr. Nous discutons devant la télé, almorçons (viande, yuccas, riz au légume et maduro caramélisé dans la panela avec du fromage). Je fais une courte sieste, puis nous allons nous ballader. Je me sens encore très faible, si bien qu'à un moment nous devons nous arrêter sur un banc pour nous asseoir. Nous en profitons pour bavarder, des souvenirs de Lyon et de Tassin la demi-Lune. Bucaramanga est une capitale petite mais guillerette. Nous rentrons et je rencontre le novio Oscar, un mec extra, vraiment me cae bien. Nous mangeons des arepas et des oeufs péricos. Je suis cordialement invité à leur mariage en février. Ensuite, nous allons prendre des micheladas dans un bar du centre (bières servies avec une couronne de sel sur le bord du verre), après un petit tour dans un grand centre commercial, une des fiertés colombiennes. Nous parlons des heures, la discussion est vraiment riche. Erika et Oscar sont un couple très ouverts, qui deviendront sûrement de très bons amis. Et la musique du bar est excellente...

  Ah, les gaitas, longues flûtes au son teinté de cuivre, petites clarinettes tropicales, j'en crevais de plaisir assis sur mon siège, et les larmes roulaient sur mes joues comme les fruits dans un verger.

   Nous rentrons vers 23h et je dors comme un bébé.

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Commentaires
A
Si ça peut te rassurer, les programmes en France ont le même intérêt et volent aussi haut...
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